mardi 6 octobre 2015

Les cinq défis diplomatiques d'Obama II


obama,rice,kerry,poutine
     Actuelle représentante des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice succèdera-t-elle à Hillary Clinton ?

La diplomatie mondiale va, enfin, sortir de sa torpeur. A cause de l’élection présidentielle américaine, elle était en suspens depuis des mois.

A peine réélu, Barack Obama va donc devoir gérer plusieurs crises majeures, qui ne peuvent être réglées sans le leadership américain - leadership qu'il va devoir consolider sur tous les continents.


Comment d'abord faire tomber Bachar al-Assad sans intervenir directement ? Le président américain ne peut envisager de laisser ce conflit très meurtrier durer pendant les quatre prochaines années. Ce serait un grave échec. Pendant l’interminable campagne électorale, Barack Obama a joué profil bas sur ce dossier qu’il jugeait risqué en politique intérieure. Ces derniers jours, l’équipe d’Obama a néanmoins fait savoir que, s’il était réélu, le président américain s’engagerait davantage. Jusqu’où ? La Maison Blanche pourrait accepter de fournir directement des armes à l’opposition syrienne, à une condition : que celle-ci s’unisse.


  
Barack Obama pourrait même donner son feu vert à la mise en place d’une zone d’interdiction aérienne (totale ou partielle) au-dessus de la Syrie si elle est demandée par cette même hypothétique opposition unie. Le ferait-il sans décision du Conseil de sécurité ? Si la guerre se prolonge, si elle menace de ternir l’image de sa présidence, ce n’est pas totalement exclu.

L’Iran est le dossier le plus difficile et le plus important. D’ici la fin de son second mandat, la situation concernant le programme nucléaire iranien aura profondément changé. Il y a trois possibilités : soit l’Iran sera doté de l’arme atomique ou d’une capacité à en construire une en quelques mois ; soit, à cause des sanctions et à l’issue de négociations directe avec l’administration Obama, il y aura totalement renoncé ; soit Israël, avec l’aide ou au moins l’assentiment de la Maison Blanche aura bombardé les sites atomiques de la République islamique.

Afin de parvenir au deuxième résultat, des discussions secrètes entre des officiels iraniens et américains ont débuté ces dernières semaines. Un quotidien israélien affirme ce matin que ces pourparlers de coulisses seraient menés par une intime de Barack Obama née en Iran, Valerie Jarret. Mais aucun progrès ne pouvait être réalisés avant le scrutin d’hier. Ces négociations vont véritablement commencer dans les jours  qui viennent. Vont-elles aboutir ? Seul le guide suprême Khamenei le sait.  

En finir avec le terrorisme au Sahel. Dans la guerre contre Al-Qaïda, l’administration Obama aimerait se concentrer sur l’Afghanistan et le Pakistan, les principaux foyers, et laisser Européens et Africains gérer la crise du Nord Mali. Mais il faudra le leadership diplomatique de Washington pour entraîner tous les acteurs et notamment l’Algérie.

Amadouer la Russie de Poutine. L’une des clefs de la réussite diplomatique d’Obama 2 est à Moscou. Pour l’Iran comme pour la Syrie et dans une moindre mesure pour le retrait d’Afghanistan, rien ou pas grand-chose ne pourra se faire sans ou contre Vladimir Poutine, qui sera toujours là à la fin du second mandat. Le président russe a déjà fait connaître implicitement le prix de son soutien plein et entier sur ces sujets : une cogestion du bouclier antimissiles en Europe.

Obama lui a fait savoir que, s’il était réélu, il ferait tout pour arrondir les angles sur ce dossier. Mais cela suffira-t-il au maître du Kremlin, qui n’a rien fait pour favoriser le reset (le redémarrage) des relations entre Moscou et Washington ? Rien n'est moins sûr. Juste avant l'élection américaine, il a arrêté la coopération russo-américaine sur la destruction des armes nucléaires, une décision majeure qui est passée inaperçue bien qu’elle soit un grand échec pour Obama.

Tenir en respect les nouveaux maîtres de la Chine. La réélection d’Obama coïncide avec l’arrivée d’une nouvelle génération au pouvoir à Pékin. Le président américain va donc devoir nouer des relations de confiance avec l’équipe entrante tout en renforçant son alliance avec les pays voisins de l’empire du Milieu, notamment le Japon. Il devra faire preuve de leadership et de sang-froid dans la crise des îles Senkaku et de la mer de Chine qui, selon les experts, pourraient se transformer en conflit armé dans les années à venir.

En décidant d'entreprendre son premier voyage à l'étranger en Birmanie, le président réélu veut faire savoir au monde et aux dirigeants chinois en particulier qu'il promouvra - autant que faire se peut - la démocratie en Asie. En allant soutenir Ang Sang Su Kyi, l'îcone du combat démocratique dans cette région, il réaffirme son attachement à la lutte non violente chère à ses deux héros Gandhi et King.

Le choix du successeur d'Hillary Clinton à la tête du département d'Etat sera un indicateur de l'orientation que veut donner Obama à son second mandat. S'il choisit l'actuelle représentante américaine à l'ONU, Susan Rice, on pourra en déduire qu'il entend réaffirmer fortement le leadership des Etats-Unis. S'il opte plutôt pour le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, l'ancien candidat à la présidentielle, John Kerry, on comprendra qu'il opte pour la continuité.

Les responsables français espèrent vivement qu'il choisira Kerry le francophone et non Rice qu'ils jugent trop radicale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire